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Jour 239 : Comme un reflet

19 heures. Un quai de gare. Comme il en existe des milliers en France. Plein à craquer. L’ambiance est électrique. Les têtes sont levées vers un immense panneau lumineux crachant aux yeux inquiets des passagers les voies sur lesquelles ils doivent se rendre pour prendre leur train… C’est une course géante qui se met en place dans les couloirs de la gare. Seule compte l’arrivée à bon port. Un siège. Son siège. Celui que l’on a choisi. Chacun a sa préférence. Au milieu du wagon, proche de la sortie, contre la fenêtre. Qu’importe, l’important est d’être assis…

Je le suis. Confortablement installé. Le wagon n’est que très peu rempli. Beaucoup de personnes sont déjà descendues. Déjà une demie heure que nous roulons… Le train termine son trajet paisiblement. Moi, je pianote sur les touches de mon ordinateur. J’aime écrire dans le train. Les gens sont souvent une source d’inspiration. Sauf que ce soir, il n’y a pas grand-chose à écrire sur les personnes qui m’entourent. Musique sur les oreilles j’ai beau chercher, scruter le moindre détail qui pourrait m’inspirer. Rien. Le contraste entre la folie du quai et la sagesse du wagon est saisissante. Déroutant…

Je regarde les lumières défiler dans la pénombre. Elles forment des stries luisantes. C’est une vision féérique. Mes yeux se perdent dans cette presque obscurité. Seuls quelques à-coups du train me font revenir à la réalité. Face à moi, mon reflet dans la glace. Moi. Ce mec, ordinaire. Cette carcasse dégingandée enfoncée dans son siège. Je comprends alors que je n’ai plus à chercher la personne dont je vais parler ce soir. Elle est là, devant moi. Enfin, une image de moi. Mon double.

Ce mec a trente et un ans. En y regardant de plus près on comprend pourquoi on ne lui donne pas son âge. Les traits sont un peu juvéniles. Quelques poils mal ajustés forment un ersatz de moustache. La virilité tient des fois à peu de chose. Le col de la chemise est lui fermé jusqu’au dernier bouton. Genre look premier de la classe. Hilarant quand on y réfléchit. Ce mec-là n’a même pas son bac en poche. Par contre il a des idées plein la tête. Des bonnes comme des mauvaises. C’est un grand bordel organisé dans sa caboche. Lui seul en a le plan exact.

C’est un mec lambda. Comme vous. Avec ses envies, ses joies, ses peines. Des regrets ? Aucun. Pourquoi faire ? La vie est ainsi faite. Une ligne toute tracée sur laquelle nous avançons tous. Un peu comme dans un train finalement. Non, les regrets il laisse cela aux autres. Il parait hautain de dire cela. C’est bien l’image qu’il donne à certains moments. Ecrire à la troisième personne n’arrange pas son cas. Seulement, si tout le monde regardait dans le reflet de cette vitre de train, certains comprendraient que ce type n’est pas meilleur ni plus mauvais qu’un autre. Il veut tout simplement être libre. Qu’on ne lui dicte pas ses choix. Chacun vit à son rythme. Le sien est une douce et lente mélodie.

Voilà, encore un texte écrit dans le train. Un personnage de plus. Surement pas mon texte le plus intéressant. Ni le plus élaboré. Si certains ne comprennent pas ce blog, ou encore mon écriture, ce n’est pas grave. Je n’ai ni envie ni le courage d’expliquer. Les explications sont souvent superflues. Je ne m’en préoccupe plus trop. Ce texte va venir se glisser à côté des autres, sans rien dire. Des nouveaux mots sortis de je ne sais où. Comme ça, au hasard. Mon train vient d’arriver en gare. A bientôt…

L-ios

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