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Demain c'est le 1er Avril et avec les copains et les copines ça va être la guerre. Il va falloir redoubler de vigilance pour ne pas se retrouver avec un poisson en papier collé dans le dos. Certains ont déjà commencé à les préparer. Je le sais, je les ai vu faire. Demain à l'école, il va falloir être stratégique.
1990. J'ai sept ans. Je suis en CP. Mon cartable pour demain est prêt. J'ai fait tous mes devoirs. Mes parents ont signé le mot de la maîtresse dans mon cahier de texte indiquant la réunion parents-instituteur de la semaine prochaine. Ma mère m'a mis mes BN dans ma petite boîte en plastique jaune que je clipserais à ma ceinture à la récréation. Oui en 1990 j'ai déjà la classe internationale. Dans trente minutes c'est " extinction des feux " comme mon papa aime le dire. Avant ça je file me laver les dents et jette un coup d'oeil au menu de demain. En entrée ce sera carottes râpées. C'est cool j'aime ça. En plus ma mère dit que ça rend aimable et les fesses roses. J'ai pas vérifié! Déjà qu'elle me dit que les abeilles font du miel dans mes oreilles. J'ai un doute. Bref, après steak haché frites. Méga trop bien, les cantinières vont nous apporter du rab! Et en dessert riz au lit! On va encore se battre pour casser la plaque de caramel dessus. Comme d'habitude c'est le ou la mono qui décidera. Au final, ça devrait le faire demain à la cantine. Miam!
Plus que quelques minutes avant de m'enrouler dans ma couette Tintin. Je vérifie que mon sac banane est bien à coté de mon cartable, sinon je ne pourrais pas jouer aux billes avec les copains. Et jouer à l'élastique avec les filles c'est nul... En plus aujourd'hui j'ai gagné une pépite à François. Elle est trop belle. Je commence à en avoir pas mal. Des galaxies, des agates, j'ai même une essence et une bille chinoise. Elle est plate celle-la. Je l'aime bien. Benjamin veut me la jouer contre une bille classique, " ça vaut pas " ! 20h30. Le bisou aux parents et je saute dans mon lit. Mon père laisse la porte de ma chambre un peu entrouverte et la lumière du couloir allumée. Avant de m'endormir je me récite dans ma tête la poésie que je dois savoir pour demain :
Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
ça n'existe pas, ça n'existe pas
Et pourquoi pas?
Robert Desnos
C'est bon, je peux m'endormir tranquille. Tout est fin prêt. Demain j'ai expression écrite avec la maîtresse. Elle nous a dit de commencer à réfléchir à ce que l'on pensait faire quand on serait plus grand. Mes parents ils ont à peu près trente ans. Un peu plus. C'est ça être grand! Pfiouuuu... Je me demande bien ce que je vais pouvoir écrire...
L-ios