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Jour 387 : Nouvelle n°22

- Le temps d'une étreinte -

Le soleil transperce les volets. Il remplit petit à petit la pièce, inondant doucement les murs sombres de clareté. Le vent souffle sa chaleur incendiaire à travers la fenêtre béante. Mon lit tangue au rythme du tic et du tac de mon réveil. Ma gorge a le goût du whisky bon marché. Mes yeux crachent du feu. La nuit a été horriblement belle avec elle. Là, il ne reste que ma carcasse fatiguée au milieu des draps froissés.

​Mes paupières lourdes s'abattent sur mes yeux. Je pars à la dérive. Loin. Je ne dors pas. Je ne rêve pas. Je suis quelque part entre les deux. J'entends mais je n'écoute plus. Je vois sans regarder. Ma soirée d'hier. Dans un bar miteux d'un quartier sale d'Helsinki. Elle m'a abordé. Perdu dans mon verre je n'ai pas réagi. Elle a insisté. J'ai levé les yeux vers elle. Elle a gagné.

La vingtaine a tout casser, elle a bousculé ma triste soirée de presque quarantenaire. Elle n'a rien respecté. Elle a brisé les codes et fissuré le mur qui m'entourait. D'un verre à un autre nos langues se sont déliées pour mieux se lier. Un bouche à bouche alcoolisé. Nos doigts se sont entrelacés. Mes mains se sont perdues sur elle. Le bar s'est déshabillé de ses murs pour finir dans mon lit...

C'est au creux de ses reins que je me suis niché. Entre ses flancs je me suis délecté. J'étais sa flèche, elle était ma cible. Le combat a été épique. Un corps à corps électrique. J'ai embrassé son ventre lisse. Elle a griffé ma carapace. Pas de mots. Plus de maux. Juste des vas et vient réguliers, comme un bateau se battant contre les vagues frappant sa coque...

​Après un flot de plaisir aussi rapide qu'efficace, nos corps se sont doucement éteints. Ses doigts ont desserré leur étreinte. Ce piège délicieux qui me tenait captif consentant s'est ouvert. J'ai regardé son corps glisser sur le lit et s'évaporer au loin dans mon appartement. Lourd de fatigue j'ai fermé les yeux, et me suis laissé crever par le sommeil...

Là, le soleil s'amuse sur mes murs. Mon lit est vide de sa présence et plein de mon absence. Je me penche sur le bord. Je vacille. Je pose mes pieds sur le tapis en corde qui habille le bas de mon lit. Une petite culotte fait office de décoration. Un oubli. Un souvenir. Je suis trop fatigué pour sourire. Je me lève, sans envie et un peu tendu, je vais me perdre dans la chaleur de mon appartement aussi vide que moi...

L-ios

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